Le Marocain de Broadway
Perfectionniste mais très perspicace, David est sensible à l’humour, la gentillesse et la sympathie des gens. D’ origine séfarade espagnol, né d’un père marocain et d’une mère d'Iran, c’est à Chelles qu’il grandit, en Seine-et-Marne. Très vite attiré par la musique et le théâtre, il se passionne pour ce qui est « beau » et gravit les échelons à vitesse grand V. Pour lui, un acteur, un jardin, un costume et le désir perpétuel de vouloir faire les choses suffisent à être ce qu’il est devenu ; un talentueux baryton à New York aux airs de Cyrano ! Place au spectacle." F.J. : « Votre cv est assez impressionnant ! Donnez-nous, en 3 étapes, quels sont les 3 évènements qui ont marqué votre parcours professionnel. » David : « Merci beaucoup! Le premier a été ma rencontre avec « le beau » - référence au « beau » de Camus.
La première fois que j’ai découvert « la musique », c’était au collège Weczerka à Chelles (77), lorsque mon prof de musique commençait à jouer du piano, et l? j’ai dit : « Wow, c’est beau ! » J’ai eu cette chance. J’ai commencé le piano à 12 ans. Seconde pause sur image : à 16 ans, j’ai rencontré Jon Bon Jovi, ce qui a marqué mon parcours musical. Cela m’a donné envie de poursuivre une carrière de chanteur. Troisième boom de ma vie : la première fois que j’ai vu un opéra ! C’était en 2002. C’est à ce moment-l? que j’ai décidé de devenir chanteur d’opéra. J’interprétais déj? mes propres compositions dans des piano-bars, où l’on me disait déj? que j’avais une voix d’opéra. Un soir, je me rendis à l’opéra de New York et WOW ! »" F.J. : « Comment peut-on passer de chanteur franco-marocain à baryton New-Yorkais ? Quelle est votre recette ? » David : « Quand j'étais plus jeune et que je disais que j’étais chanteur d’opéra, ou bien que j’aimais l’opéra, on avait tendance à ne pas me prendre au sérieux de part mes origines marocaines. Je ne viens pas d’un pays ou l’opéra est le sport national. L’opéra, c’est comme le ski au Maroc. A mes débuts, j’ai du même dire que j’étais d’origine Italienne, mais après mes études, j’ai compris que pour avancer dans le futur, il fallait regarder dans son passé. Je suis plus que jamais fier de mes origines franco-marocaines et ce sont elles qui ont guidé ma vie. Notre différence est notre chance ! J’ai toujours admiré New York et l’énergie de Broadway, l’excellence et la volonté de travail qui y règnent. En arrivant à New York, j’ai beaucoup travaillé sur la langue anglaise car jouer les grands classiques, interpréter un rôle comme Cyrano chez soi, c’ est déj? un exploit. Le faire dans sa propre langue en français, c’est déj? très dur, mais avoir réussi à jouer dans une autre langue et dans une ville aussi importante que New York, ? Broadway, en compétition avec les américains, et y être reconnu, représente pour moi, une immense fierté.
BIO David Serero est un chanteur d'opéra, acteur, réalisateur et producteur acclamé par la critique et récompensé. Il a joué plus de 2500 représentations dans plus de 45 pays, dirigé et produit près de 100 productions théâtrales, joué dans plus de 100 films et séries télévisées, enregistré et produit plus de 100 albums et joué plus de 50 rôles principaux et titres (en plusieurs langues) du répertoire de l'opéra, du théâtre et de la musique. Retrouvez sa biographie complète sur le site internet www.davidserero.com
» « Je dis oui à tout ! » F.J. : « Votre public est-il exclusivement américain ? Pourquoi les Etats-unis ? Los Angeles, capitale mondiale du cinéma ? Cette ville ne vous a-t-elle jamais attiré ? » David : « New York est la ville la plus cosmopolite au monde. Tous les pays et toutes les cultures y sont rassemblés sous un même toit. La culture de la scène est plus importante à New York. » « Notre différence, c’est notre chance ! » F.J. : « Le 31 décembre 2014, vous passez sur la plateau d'Arthur sur la chaîne TF1. Quelles sont vos attentes en vous produisant en France ? » David : « Je rêvais de chanter pour Arthur. J’ai eu l’honneur de chanter à deux reprises dans son émission. Il m’a tant inspiré ! C’est une personne à qui j’aimerais tant ressembler un jour. Je serais toujours au premier rang pour l’applaudir et suis extrêmement reconnaissant de son invitation. J’ai tant d’admiration et de respect pour lui. J’ai eu plusieurs projets en France et au Maroc qui ont dû être annulés à cause de la pandémie du Covid-19. J’espère revenir très vite pour apporter un maximum de projets au public français que j’apprécie énormément. Je travaille aussi sur l’élaboration d’une troupe d’opéra royale au Maroc. » F.J. : « Et le Maroc dans tout cela ? Et Israël ? » David : « J’ai le chance d’avoir grandi au milieu de musulmans de toutes les origines. J’ai toujours conservé une fraternité éternelle avec eux. Je suis tellement content, mais d’un côté pas surpris, de ces accords entre Israël et le Maroc. Je sens que plusieurs échanges artistiques et culturels auront bientôt lieu. Je reçois constamment des messages d’amour de musulmans du monde entier, que je ne cesse de leur rendre.
J’ai toujours apporté de ma « marocanité » dans tous mes shows. » « La culture pour rapprocher les gens » F.J. : « Quels sont vos projets de vie ? » David : « Je souhaite continuer ce métier le plus longtemps possible, prendre soin de mon père et passer le plus de temps avec lui ! J’ai toujours appelé mon père le "Président de la République"; il n'a jamais pris un jour de congé de sa vie, il a toujours dit oui aux gens. J’ai grandit en pratiquant ce relationnel verbal séfarade d’autrefois, mélangé au professionnalisme américain d’aujourd’hui. » Propos recueillis par Fréquence Juive. .