Les vaccins pour la COVID -19 sont considérés en général comme la lumière au bout du tunnel et le meilleur outil dont on dispose pour arrêter la pandémie. Mais ils suscitent aussi de nombreuses questions et quelques mythes circulent à leur sujet. Alors info ou intox ? Par Audrey Toledano.

« Ce vaccin produit dans la précipitation n’est pas fiable »

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Il existe plusieurs raisons pour lesquelles les vaccins ont pu être développés aussi rapidement :
Les compagnies pharmaceutiques ont pu investir considérablement dans le développement rapide d’un vaccin étant donné la gravité et l’impact mondial de la pandémie et parce que les gouvernements ont investi dans la recherche et payent en avance pour les vaccins, sans compter la collaboration mondiale des chercheurs. Mais ils n’ont pas compromis ou outrepassé les mesures de sécurité lors du développement. Aucune étape du développement n'a été sautée, les vaccins COVID-19 ont passé le même processus d’autorisation par la FDA (Food and Drug Administration) que les autres vaccins.
Certaines étapes ont été conduites en parallèle pour obtenir des données plus rapidement.


Le nombre de patients qui ont été inclus dans les essais cliniques, 43.000 patients pour le vaccin Pfizer, est très similaire à celui utilisé pour les essais cliniques d’autres vaccins.
De plus, un des critères, pour recevoir une autorisation en urgence de la FDA, était le suivi en terme de sécurité et d'efficacité, d’au moins 50% des participants des essais cliniques pendant minimum deux mois après avoir complété la série de vaccinations.
Enfin, la technologie à ARN messager utilisée pour produire ce vaccin n’est pas nouvelle car les scientifiques y travaillent depuis quelques décennies. Cette méthode à ARN messager a permis une approche plus rapide que la méthode traditionnelle de développement des vaccins.
De plus, la séquence génétique ARN du virus était connue depuis Janvier 2020 donc les scientifiques ont pu incorporer rapidement la séquence ARN messager codant pour la protéine de surface (spike protein) dans ces vaccins.

« Je suis jeune et en bonne santé donc je n’ai pas besoin de me faire vacciner »

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L’infection à COVID-19 est imprévisible, certaines personnes ont des symptômes très légers tandis que d’autres vont développer une forme très sévère et des complications.
Même si on connaît certains facteurs de risque d’une infection sévère, il n’y a aucune façon de prédire à 100% qui va développer une forme légère et qui va avoir une forme plus sévère.
Le rapport bénéfices-risques est donc clairement en faveur de la vaccination et il est plus sage de gérer les effets secondaires modérés et temporaires du vaccin que de risquer d’être infecté.

« Je ne veux pas être vacciné car le vaccin lui même va m’infecter »

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Comparé à d’autres vaccins comme celui de la rougeole/oreillons/rubéole par exemple, le vaccin COVID 19 n’est pas un vaccin qui contient une forme vivante atténuée du virus.
Les vaccins à ARN messager donnent les instructions aux cellules de notre corps de reproduire une protéine qui est une partie du virus, ce qui aide notre corps à reconnaître et combattre le virus en cas d’infection.
Donc cette protéine qui fait partie du virus ne peut pas elle-même causer d’infection mais aide le système immunitaire à reconnaître et à combattre le virus. Les effets secondaires que l’on ressent après la vaccination ne sont pas le résultat d’une infection mais de l’activation du système immunitaire. Le corps commence à produire les anticorps protecteurs nécessaires pour combattre une éventuelle infection.

“Si je reçois le vaccin, je pourrai arrêter de porter un masque”

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À l'état actuel des connaissances, nous savons que le vaccin empêche le virus de causer une maladie à COVID 19 symptomatique, mais nous ne savons pas si le vaccin empêche de contracter une infection. Si je suis infecté par le virus mais que je ne présente pas de symptômes, je suis toujours susceptible de transmettre l’infection virale à mon entourage.
Jusqu’? ce qu’on dispose de plus de données, il est donc recommandé de continuer à respecter les gestes barrière, tels que le port du masque, le lavage fréquent des mains et le respect des distances.

“Les effets secondaires du vaccin COVID-19 sont dangereux”

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La majorité des effets secondaires du vaccin sont à court terme et modérés.
Les effets secondaires les plus fréquents sont : Douleur au point d’injection, douleurs musculaires, migraines et fièvre, et durent un ou deux jours.
Ce sont des signes montrant que le vaccin stimule le système immunitaire. Si les symptômes persistent plus de deux jours, il est conseillé de parler à son docteur.
De façon extrêmement rare, le vaccin peut causer des réactions allergiques graves, (anaphylaxie), donc les experts recommandent de ne pas vacciner les personnes qui ont un antécédent d’allergie aux ingrédients contenus dans le vaccin.

“Le vaccin marche sur les variants du virus”

INFO ET INTOX

Les compagnies Pfizer et Moderna ont réalisé des études in vitro de neutralisation des souches des variants anglais et sud africain par le sérum de patients vaccinés.

Injecter de l’ARN messager… dans notre corps n'a aucune incidence sur l’ADN présent dans nos cellules. L’ARN messager entre dans la cellule mais pas dans le noyau de la cellule (où réside l’ADN). Les cellules humaines détruisent et se débarrassent de cet ARN messager rapidement après avoir fini d’utiliser les instructions contenues dans cette molécule.




Le taux d’anticorps neutralisants est une mesure de l'efficacité du vaccin contre ces variants.
Le vaccin Pfizer/BioNTech conserve la majorité de son efficacité contre les variants britannique et sud africain, mais la neutralisation du virus par les anticorps a été légèrement plus faible pour le variant sud africain que pour le variant anglais, même si le taux reste au-del? du taux acceptable.
Le vaccin Moderna reste efficace contre le variant anglais mais le taux d’anticorps neutralisants a été réduit par 6 dans le cas du variant sud africain.
Peu de données sont disponibles actuellement sur l'efficacité des vaccins COVID-19 contre le variant brésilien.

“Je n’ai pas besoin de faire le vaccin car j’ai déj? eu la COVID-19 et j’ai développé une immunité naturelle »

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Le CDC recommande que tout le monde se fasse vacciner même si on a déj? eu la COVID-19.
En effet, on ne connaît pas la durée de l'immunité naturelle conférée par l’infection. Par conséquent, une réinfection ne peut pas être exclue.
De plus, la production d’anticorps post vaccination est plus forte et stable que celle post infection, donc le vaccin peut booster cette immunité naturelle.
Toutefois, si quelqu'un a reçu des anticorps comme traitement des symptômes de la COVID19 ou bien du plasma convalescent, il devra attendre 3 mois avant de se faire vacciner pour ne pas que les anticorps neutralisent l'effet du vaccin.
Il n’y a pas de preuve qu’avoir eu la COVID-19 nous rende plus ou moins susceptible à avoir des effets secondaires après le vaccin.
« Le vaccin COVID-19 va altérer mon ADN »

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Les vaccins COVID-19 qui ont été autorisés sont des vaccins à ARN messager. L’ARN messager est comme un guide d’instructions à destination des cellules du corps humains pour fabriquer une protéine qui déclenche une réponse immunitaire.

“Le vaccin COVID-19 contient des ingrédients mystérieux et peu fiables”

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Les vaccins Pfizer et Moderna contiennent uniquement l’ARN messager comme ingrédient actif et d’autres ingrédients tels que des lipides (qui encapsulent l’ARN messenger pour le protéger), des sels et du sucre. Ce que ces vaccins contiennent pas : des tissus de foetus, des implants, des micropuces.
Une vidéo partagée des milliers de fois sur Facebook a fait des fausses déclarations sur une certain fabricant de seringues, Apiject, qui a un contrat avec le gouvernement pour fournir des dispositifs d’injection pour les vaccins. Cette compagnie commercialise un certain type de seringue dont l'étiquette contient une micropuce qui aide les médecins à déterminer l’origine du vaccin, qui contient un numéro de lot et une date d’expiration. Cela s’appelle la technologie RFID. Cette puce est comme un code barre qui aide les experts de santé publique à déterminer le nombre de vaccins utilisés dans une certaine localisation.
Mais aucune donnée personnelle des patients n’est enregistrée sur la puce. Et la puce elle-même n’est pas injectée car elle est positionnée sur l'extérieur de la seringue. Donc le gouvernement ne peut pas savoir qui a reçu le vaccin ni ne peut tracer la localisation des patients qui ont reçu le vaccin.

« Le vaccin COVID-19 affecte la fertilité donc il n’est pas recommandé chez les femmes qui cherchent à tomber enceinte»

INTOX

Le vaccin COVID-19 n'a aucun effet sur la fertilité.
Une campagne de désinformation a circulé qui disait que la protéine de surface présente sur le coronavirus est la même que la protéine de surface impliquée dans la croissance et l’ancrage du placenta durant la grossesse, et que par conséquent recevoir le vaccin COVID-19 permettrait, soi disant, au corps de reconnaître cette protéine de surface du placenta comme étrangère et donc de la détruire, causant ainsi des fausses couches et des effets sur la fertilité.


En réalité, ce ne sont pas du tout les mêmes protéines de surface, bien qu’elles partagent une courte séquence d’acide aminés en commun, mais recevoir le vaccin n’affecte aucunement la fertilité des femmes qui cherchent à tomber enceinte.
Il y avait 23 femmes volontaires dans les essais cliniques du vaccin Pfizer qui sont tombées enceintes, et parmi elles une seule femme à fait une fausse couche mais faisait partie du groupe placebo.
Au contraire, contracter la maladie COVID-19 peut avoir des effets graves sur la grossesse et la santé de la femme enceinte donc il est recommandé que les femmes enceintes se fassent vacciner.

Sources : idsociety.org / fda.gov / cdc.gov / hopkinsmedicine.org / usatoday.com .

Courrier des lecteurs

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