Par Bob Oré Abitbol

Ce ne sont pas les juifs qui ont gardé le Chabbat, c’est le Chabbat qui les a gardé.

Réjouissez vous d’être dans le royaume du Chabbat Le miracle du Chabbat est le royaume de tous les juifs

J’aime le Chabbat, j’aime ses lumières, j’aime l’ambiance un peu folle, à la fois décadente et généreuse qui règne à ce moment-l? , l’atmosphère qui se crée au fur et à mesure des heures et des humeurs. J’aime les parfums subtils et sensuels qui émanent de la cuisine, le brouhaha des enfants prenant leur bain, le désordre sympathique précédant l’ordre que représente le rituel immuable de cette soirée particulière.

Je sens encore, comme imprégnée en moi pour toujours et à jamais l’odeur de propre de ma mère sortant du hammam, de mon père rasé de frais comme tout neuf, de mon frère aîné avec son costume à peine étrenné de sa Bar Mitzvah récente, de mon unique sœur qui met sa plus jolie robe comme pour se trouver un fiancé, de mon petit frère qui pour une fois ne pleure pas !

Cette réunion hebdomadaire est un bonheur chaque fois recommencé dont on ne se lasse jamais!

Ma mère sort son grand jeu et prépare des mets somptueux, des salades variées et colorées qui mettent instantanément un air de fête dans toute la maison.


Il semble que les plats cuisinés toujours avec un soin particulier ont un autre goût, comme pour la soupe de Roch Hachana.
Un goût d’amour et de tendresse!

La flamme des chandelles, les prières, la bénédiction du vin et du pain chantés dans l’allégresse et la bonne humeur.
Mon père heureux, ma mère satisfaite d’avoir encore une fois remplie à la perfection son rôle d’hôtesse, de cuisinière hors pair, de maîtresse absolue de maison.
Parfois un ou deux invités surprises sinon des membres de la famille de Fes, de Meknes ou d’une autre ville qui viennent passer quelques jours à Casablanca.

Tous ces souvenirs intenses me remplissent de nostalgie.

En Californie, où je vis désormais, je ne refuse jamais une invitation pour célébrer ce soir sacré entre tous et le lendemain aussi!
Comme si mon âme, rattachée à celle de mon père et à celle de mon grand père, de mémoire bénie, Abraham Malka, rabbin de son métier, insuffle , conjure et force mon être tout entier à la nécessité, au besoin vital et viscéral de participer à cet événement crucial de ma vie juive, de ma vie d’homme!
Ah La magie du Chabbat ! Pourquoi cette singularité ? Pourquoi cette manifestation, source de tous nos maux et de tous nos problèmes nous a, en fait, simultanément sauvée de nous mêmes ?
Le Judaïsme, la Torah. Certes un fardeau mais une jubilation dit BHL!

Car enfin, appelons un chat un chat, nous aurions pu cent fois, mille fois nous convertir, échapper aux échafauds ici , aux pogroms l? , au racisme à l’ostracisme et à l’antisémitisme partout ailleurs, à la Shoah enfin! Entrer finalement enfin dans le concert des nations ou celui des hommes et des femmes comme l’ont fait certains d’entre nous avec des regrets et des remords au début , puis avec le temps, un soulagement certain encore que ce ne fut pas, je le concède, la panacée.
Religion: du latin religare: relier!
C’est cela à l’origine que devait représenter « la religion » mais hélas elle a d’avantage réussi à diviser les hommes qu’? les réunir.

Alors pourquoi cet entêtement criminel et autodestructeur à une religion qui ne nous a apporté jusqu’ici que l’ire, le malheur, le dédain pour ne pas dire la haine du monde entier ?
Pourquoi quelques-uns parmi nous, peu relativement, ont réussi à nous faire passer tous pour des rapaces, des malhonnêtes, des assoiffés d’argent, des escrocs, des profiteurs, des mangeurs d’enfants, des déicides et j’en passe.
Il n’y aurait donc pas un seul de décent parmi nous ?

Les Juifs sont forts en relations publiques pourquoi n’avons-nous jamais réussi à renverser la vapeur ?

N’aurait-il pas mieux valu une fois pour toutes nous convertir à l’Islam, au Christianisme au Bouddhisme ou aux adorateurs de l’oignon en masse pour éviter cet abattage systématique, ces génocides, ces massacres tellement hors de proportion avec le nombre insignifiant que nous sommes et que nous étions, ces actes infâmes que nous ne pouvons ni les comprendre, ni les assimiler.
Actes insensés qui dépassent encore aujourd’hui l’entendement, notre imagination et notre logique la plus élémentaire.

Les élus de D. très bien mais pourquoi ? Pour nous faire massacrer en masse ou individuellement par tous les peuples de la terre ?

Quel est le miracle qui a réussi à nous permettre d’être vaillant, d’être fidèle à notre foi, contre vents et marées, contre toutes formes d’avilissements, d’antisémitisme violent, de traitements indignes, d’injustice flagrante, de haine la plus crue et dénuée de sens la plupart du temps ? Comment avons -nous fait pour résister à la lente et inéluctable assimilation des êtres qui ne le font que pour se préserver, se protéger de la mort qui ne pardonne rien et qui vient, hélas, toujours trop tôt !

Par la contrainte ou par la douceur certains l’ont fait bien sûr ! Mais ceux qui ont résisté à cette tentation pourquoi et surtout comment ?
Par le Chabbat: Le Chabbat glorieux et génial qui réunissait les familles, permettant la discussion, l’échange d’idées, la créativité voil? ce qui nous a retenu et préservé « L? tout se métastase, se métamorphose, se transforme pour une expérience multiple, sensuelle, organique, divine, unique! » Voil? ce que ni les Chrétiens, ni les Romains, ni les Grecs ni les Ottomans ni les croisades ni les « Moslems » n’ont pu, malgré leurs nombreuses tentatives, ni briser, ni amoindrir.

"Ce ne sont pas les juifs qui ont gardé le Chabbat, c’est le Chabbat qui les a gardé."






Voil? ce qui a crée notre solidarité, notre survie, notre ardeur, notre foi, notre absolue croyance que nous détenions la vérité, l’absolue vérité, celle que D. lui-même nous a confiée à nous et à nul autre ! Voil? ce qui nous a permis de devenir en quelques décennies une nation phare, un pays unique par ses inventions, par son dynamisme et par sa nature même.

Bien sûr il y a Rosh Hachana, Kippour, Pourim, Pessah qui rythment notre vie et balisent les saisons. Bien sûr il y a les mariages, les bar mitzvoth où nous revenons à nos traditions et à nos coutumes mais le Chabbat plus qu’aucune autre célébration, reste avec ses symboles et ses protocoles immuables et millénaires, un rendez-vous hebdomadaire sublime et sacré.

Nous sommes juifs à force d’être juifs et c’est exactement et précisément ce qu’ont voulu nos ancêtres. Puisqu’on nous jetait aux quatre coins de la terre, pour préserver ce qui était nous, il fallait nous donner une armature si solide et si efficace que seule la mort ou des évènements extraordinaires pouvaient nous séparer de notre foi et nous faire, à contre cœur et après avoir tout essayé, renoncé à elle !
Mais D. nous a donné la Torah et puis, à travers des sages et des prophètes, le Talmud puis les commandements spécifiques à notre nouvelle situation qui ont réussi partiellement à nous préserver de l’assimilation et du doute. Ainsi armés et chargés de notre précieux fardeau, de ce message profond, grave et vrai, nous sommes partis aux quatre coins du monde.
Mais le chemin était si long et si difficile que malgré des siècles et des millénaires de marche forcée, de pogroms, de rage, de pluie, d’adversités de toutes sortes nous ne sommes pas encore arrivés !
Nous poursuivons cependant notre route contre vents et marées, contre vagues de haine, contre relents d’injustice pour arriver au “Tikun Olam” la réparation du monde voulue et annoncée.
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Pouvons-nous être heureux de vivre sans les êtres que nous aimons? Sommes-nous libres ou sommes-nous prisonniers d’une vie qui nous accommode et dont nous nous accommodons ? Vivons-nous dans une hypocrisie permanente en attendant une autre vie, un autre monde, un autre paradis ?
Est-ce être libre ou bien est-ce être prisonnier si nous sommes dans le doute permanent tout en vivant une vie de couple, une vie de famille qui nous étouffent et nous libèrent simultanément ?
Notre avenir ! Notre devenir ! Notre destinée ! Vivre libre et prisonnier de ce qu’on aime voil? peut-être la vraie liberté !!! Voil? peut-être le vrai bonheur ?

Ne le trouve-t-on qu’au fond de soi ou qu’avec les autres ? Où est la vérité ?
Qu’est-ce que la liberté ? Qu’est-ce que le bonheur justement ?
Que voulons-nous ? Que cherchons-nous ? Où voulons nous aller ? Quelle frontière voulons-nous dépasser ?
Cherchons-nous le désert ou la plaine ? Les montagnes ou les vallées ? L’abstrait ou le concret ?

Comme s’il était inscrit dans notre ADN que nous serions haïs et admirés simultanément notre vie durant. Et nous acceptons ! Nous acceptons tout en vrac ! Car que pouvons-nous faire ?
Nous sommes impuissants contre cette montagne de mauvaise foi qui nous entoure, nous poursuit, nous agresse, nous harcelle contre toute logique et tout entendement !
Malgré notre conduite de citoyens modèles souvent irréprochable, notre patriotisme fervent, nos affinités avec le monde de l’art de la science et de la culture en général, notre talent, notre participation à la vie civique et culturelle, notre amour véritable et fervent pour la patrie où nous vivons et ses institutions ! Notre respect des lois, notre philanthropie dix fois, cent fois plus élevée que la moyenne des gens du pays où l’on vit. Un pays qui nous accueille et à qui nous voulons rendre cet accueil par notre dévotion, notre fortune, notre loyauté , notre être tout entier !
Et Israël avec tout ca ! Modèle de démocratie et vibrante de toute son âme, de tout son cœur et de tout son génie créateur.



Israël devenu alors qu’elle voulait être une nation parmi les nations, un pays comme les autres au fond, avec ses bons et mauvais citoyens, ses voleurs et ses savants, ses putes et ses docteurs selon le mot de l’écrivain André Shwartz-Bar, Israël est devenu, à son corps défendant, le Juif des nations !

Quoi qu’il en soit j’aime le Chabbat.

Chabbat de la convivialité, Chabbat du partage, de la communion, de la bonne cuisine, de la mère triomphante, du père fier et digne, Chabbat de la joie de vivre!
Chabbat de prières
Chabbat d’amour
Chabat des lumières
Chabbat pour toujours!

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Pessah à LA

9.3

Fête de la naissance, de la Emouna, de la liberté, elle se prononce « Pessar » (« passover » en anglais qui veut dire littéralement « passer au dessus »). Mode d’emploi : mettre de côté son ego, faire le vide, devenir comme une matza, plate comme une galette, se vider de son orgueil, réapprendre, accepter d’écouter, recevoir et être libre. Chaque année, ici, à Los Angeles, nous lisons ensemble la Haggadah, ressentant la douleur de l’esclavage, goûtant des nourritures symboliques pour finalement éprouver la joie de la libération de notre peuple.

Courrier des lecteurs

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